Japon : quand les municipalités jouent les entremetteuses .

Publié le par ATMPJ

"Soirée-rencontre géante dans le quartier d'Ebisu à Tokyo le 5 février 2012, pour 1 000 participants, inscrivez-vous vite !" Depuis quelques mois, les jeunes adultes célibataires japonais sont à l'affût des "machikon", grandes beuveries organisées par les autorités locales ou des associations de restaurateurs afin de favoriser la formation de couples dans un pays où les filles et les garçons de 20 à 35 ans disent avoir de plus en plus de difficultés à trouver l'âme soeur.

Le principe est simple : des dizaines de restaurants d'un même quartier accueillent les participants qui font la tournée des popotes pour une somme forfaitaire leur donnant le droit de se sustenter à volonté durant trois heures. Un bracelet au poignet en guise de sésame, ils sont reçus à bras ouverts dans les divers établissements pour 35 euros en tout pour les filles, et 60 euros environ pour les garçons.

Read More

 

Ce genre de soirées-rencontres commerciales à grande échelle, organisées avec la bénédiction des autorités, se préparent comme des manifestations : en ligne, via le bouche-à-oreille, pour un nombre de participants prédéfini, allant de quelques centaines à 2 000 ou 2 500 individus, à parité entre filles et garçons. Plus de cinquante "machikon" sont déjà programmés pour le premier semestre de 2012 dans plus de la moitié des préfectures du Japon, un nombre qui est loin d'être définitif. Des sites internet se sont spécialisés dans la collecte d'informations sur ces événements et les restaurateurs y voient un moyen de faire du chiffre.

"Revitaliser les quartiers"

Le terme "machikon" est un néologisme formé du rapprochement du mot "machi" (ville) et du vocable "gokon" (rencontres groupées). "Il s'agit de revitaliser les quartiers et d'encourager les rencontres", expliquent les organisateurs. "J'ai participé au machikon de Gunma avec deux amies, la nourriture était bonne, c'était super", témoigne une participante, Momoko, sans révéler si elle est repartie seule ou bien accompagnée.

Ces soirées s'inscrivent dans un mouvement plus large de recherche de partenaire, les Japonais étant poussés par la société à se marier, mais peinant dans le même temps à nouer des relations. Peu dragueurs en général, les jeunes Japonais se sentent rassurés dans le cadre des "machikon" où tout le monde est dans une situation similaire et partage le même objectif. Le désir de mariage demeure en effet très fort au Japon (90 % des filles en rêvent, presque autant de garçons), même si les avantages perçus sont parfois plus faibles que l'inconvénient : perdre sa liberté de mouvement et de mode de vie. D'aucuns en viennent à se passer la bague au doigt, pour la forme, pour être dans la norme. Quant à être aimé et chérir, c'est une autre affaire.

Reste que les hommes d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années qui n'ont ni un emploi stable ni des revenus assurés sont négligés par des demoiselles, un rien vénales et dont l'objectif est souvent de dégoter un mari qui ait assez de répondant pour subvenir aux besoins du ménage sans qu'elles-mêmes aient besoin de travailler hors du foyer. Devenir mère constitue encore pour nombre de Japonaises un emploi à temps plein.

Vieillissement de la population

L'âge auquel les époux se rencontrent est de plus en plus tardif, de même que s'allonge le temps entre le premier baiser et les noces, lesquelles sont provoquées soit par le temps (passé 25 ans, mieux vaut être casé), soit par une grossesse, la naissance d'un bébé entre parents non mariés étant mal vue. Avant d'en arriver là cependant, les obstacles sont nombreux, les occasions rares. Même les entreprises ne sont plus, comme par le passé, des lieux privilégiés de rencontre. Selon une récente étude d'un organisme gouvernemental japonais, 61,4 % des hommes non mariés de 18 à 34 ans affirment ne pas avoir de partenaire et 49,5 % des filles du même âge s'avouent dans la même situation, des proportions qui, dans les deux cas, tendent à augmenter et à inquiéter les autorités. C'est que l'absence de conjoint, et donc de relations sexuelles suivies, aboutit à une chute très préoccupante de la natalité et à un vieillissement rapide de la population.

 

Source:Le Point.

Publié dans News

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article